Tel quel

Ce matin, tel quel, accompagné de ma léthargie matinale et devancé par mon métabolisme masculin, j'entre dans la salle de bain. C'est un matin comme les autres. Je vais m'adonner à la routine hygiéniste qui est un préalable à toute relation humaine. Après m'être débarrassé sous la douche de toutes les odeurs accumulées durant les 24 dernières heures, je me demande parfois où ai-je bien pu traîner, je saisi la serviette pour m'essuyer. Je commence toujours par le visage et ensuite je passe aux bras et je termine toujours pas les pieds. En règle générale, j'ai préalablement posé à gauche ce que ma mère appelle mon linge de corps. Mais avant d'enfiler l'ensemble, toujours tel quel, je me regarde dans la glace. Même si je constate une dégradation générale et progressive de ce qui m'est renvoyé, la lenteur du processus permet de plus ou moins s'habituer. Je peux rentrer le ventre, tirer ici et là ou même faire semblant de ne pas voir. Mais ce matin, ressentant une légère douleur, je me tourne pour observer mon dos. Tant que j'y étais, j'ai regardé plus bas. Quel choc. Moi qui croyais avoir des fesses musclées avec le petit creux sur le côté, je suis obligé de me rendre à l'évidence : j'ai aussi vieilli de là. Mes yeux sont tombés sur deux trucs vaguement arrondis victimes de la pesanteur. Deux mottes de beurre qui auraient fondues au soleil. Pour tout dire, comme le rhinocéros, mes fesses sont en voie de disparition.