Comme quoi (voisinage au temps du corona)

Habitant un appartement, j'ai des voisines et des voisins. A l'occasion, je les croise. Sourire, bonjour, bonsoir selon. En règle générale, je ne suis pas un fan des voisins. Je suis plutôt un adepte du chacun chez soi. On a tôt fait d'être envahi. Je suis pour la convivialité d'escalier. Parfois je croise une femme. La quarantaine joyeuse, charmante et virevoltante, mais pas mon style. Ce que l'on appelle une femme élégante. Elle a toujours l'air d'être de bonne humeur. Je me demande si ce n'est dû au fait qu'elle me croise. Quoi qu'il en soit, lors de nos croisements, elle me sourit et je fais de même. Elle me dit merci quand je lui tiens la porte. Jusqu'ici, nos relations n'allaient pas plus loin. Il ne me serait jamais venu à l'idée de lui demander, "Alors, on s'embrasse?". Mais avec le Corona tout a changé.

L'autre jour, en transit par l'escalier, sur le qui-vive mais relativement décontracté, juste assez pour que l'angoisse ne transpire pas, je m'apprête à croiser la primesautière voisine. Tout à la fermeture de sa porte, elle ne m'entend pas arriver. Il faut dire que les marches sont moquettées. Je fais une pause sur le palier. Elle se retourne. Et là, je me dis que c'est le moment ou jamais. Je vois dans son regard qu'elle a deviné que je veux lui dire quelque chose. J'hésite encore une fraction de seconde et je me lance "On ne s'embrasse pas, hein?".