Un soir au cinéma

Quand j'étais petit, à moins que ce ne soit depuis que je le suis, à tout le moins, n'étais-je pas en train de le devenir, il y avait toujours un caïd et des sous-caïds, pauvres ères continuellement à la recherche d'une boussole. Je n'avais pas la moindre idée de quoi que ce soit. Je ne disais rien, voire rien du tout. Tout ce qui de passait au-delà d'un rayon de cinq mètres de diamètre de l'endroit où je me trouvais m'était totalement étranger.

C'est ainsi qu'hier soir, alors que prudemment je traversai le hall, chaussée notamment d'une paire soleil , je vis Annie me faire un discret salut la main sur le cœur. Comme si de rien n'était, je me coulais dans la pénombre de la salle une pour voir Le traitre, de Marco Bellocchio qui retrace la vie de Tommaso Buscetta qui collaborera avec les autorités italiennes pour démanteler Cosa Nostra.

Si ce film reprend tous les fondamentaux qui définissent une mafia dans une œuvre cinématographique (je ne voulais pas répéter film), Bellocchio adopte une sobriété de bon aloi. Il sait mettre à jour toute la violence,, le mépris, le cynisme l'absence de scrupule, de morale, d'humanité de ces organisations en nous épargnant le spectaculaire. Il réussit à tourner en dérision le célèbre code d'honneur dont se targuent les mafieux qu'il nous montre vociférant, veules et haineux lors de leur procès. Il n'épargne pas le repenti Tommaso Buscetta qui se drape dans l'honneur des origines et qui a su tirer partie de la situation. Après la protection de son milieu, il a bénéficié de celle de l'Etat italien.

Voilà, ce n'est pas le film du siècle, mais d'un sujet qui aurait pu être rébarbatif et redondant, Bellocchio nous offre un film qui m'a maintenu éveillé qui a évité l'écueil de la démonstration et nous montre une société, un Etat qui a besoin d'un mafieux pour juger et emprisonner des assassins notoires.

A vous de voir.