Un soir au concert

Comment dire. Ce matin. Réveil et tout de suite comme une angoisse. Au début, unidentified. Immobile, j'essaye de tout remettre dans l'ordre. Doucement mais encore un peu fébrile, je rétablis la chronologie. Et aussi incroyable que cela puisse paraître, je suis bien obligé d'admettre que c'est de mon plein gré que j'ai été mêlé à tout cela. Jorge m'avait pourtant prévenu. Mais rien n'y a fait. Malgré une ultime hésitation, j'y suis allé. L'attrait. L'attrait de la première fois. Au souvenir de cette soirée, je me suis chuchoté à l'oreille, pour voir. Soulagé de m'entendre, je me suis levé. Encore légèrement anxieux, je me suis planté devant le miroir de la salle de bain. Mon intention n'était pas de savoir si j'étais encore le plus beau mais simplement de vérifier si elles étaient encore là. Un léger sourire soulignant mes rides, je pus constater que mes oreilles étaient non seulement à leur place mais en de surcroît en bon état.

Donc, hier soir je suis allé écouter Warcult. Cinq membres gonflés à bloc dont Artur, cinq corps aux mouvements saccadés prêts à envoyer. Et effectivement, ils ont envoyé. Je me suis retrouvé avec deux autres vieux au milieu de... Au milieu d'un autre monde peuplé de gnomes et autres créatures plus ou moins maléfiques, dodelinant frénétiquement de la tête, ce qui m'a permit de me faire... de me faire caresser le visage par la chevelure du furieux placé devant moi. Expérience sensuelle qui m'a permis d'envisager d'autres perspectives.

Et la musique dans tout cela, allez-vous me dire? Il faut imaginer un cyclope qui se réveille de mauvaise humeur et qui éructe quand il constate que le café n'est pas prêt et qui ensuite se rue sur la coupable pour lui faire subir les deniers outrages dans un râle caverneux. Car il faut dire que c'est plutôt de la musique d'hommes. Pour être moins métaphorique, Warkult nous sert un son qui s'apparente à un mur de décibel qui, loin de là, n'exclut pas la dextérité et le touché. Ça pique les oreilles mais à petite dose ça va. Comme l'on dit, je suis sorti de ma zone de confort. Je ne vous cache pas que je me suis mis un Robert en rentrant, histoire de. Pour finir, j'ai découvert un Artur inédit, avec une gestuelle éruptive et bien loin de la guitare sèche et des ballades de son tonton.   

Voilà. Je pourrai dire à mes petits enfants incrédules que je l'ai fait.

Warkult 2019