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Objectif négatif
21 février 2018

Un soir au cinéma

Donc, quand j'étais petit, je n'avais pas de magnétoscope. A la télé, je regardais l'unique chaîne en noir et blanc, seule concession à la diversité. Quant à l'inclusion... Pour ce qui était de ma naissante libido, il m'était proposé de fantasmer sur Catherine Langeais annonçant la séquence du jeune spectateur. Pourtant tout était déjà vieux, essoufflé comme un nonagénaire qui s'essaye une dernière fois à peigner la girafe. Alors, à défaut de disposer d'un matériel permettant le retour en arrière, dans ma tête je faisais des arrêts sur image. L'avantage, non négligeable, était que je pouvais faire varier le scénario. J'ajoutais des scènes, j'en prolongeais d'autres que j'agrémentais de mains qui s'aventuraient, de langues qui s'immisçaient et autres "contendance" offshore. Résultat, je me débattais dans un océan de frustrations.

C'est ainsi qu'hier soir, une semaine plus tard que prévu, cette fois sans Annie, je me retrouve dans le hall face à l'affiche du Lauréat qui se révèlera ne pas être ce qu'elle paraît être et dont plus tard je découvrirais le lien avec Dallas. Soirée de gala, frémissant déjà de plaisir, nous pénétrons dans la salle 1, la vaste salle 1 où nous accueillent les fauteuils d'un rouge vif dans lesquels nous nous coulons, nous laissant envelopper par les rondeurs profondes. Après une présentation inutile mais qui crée du lien, le noir se fait. Apparaît un inexpressif Dustin Offman de profil. Pour ce qui me concerne, je n'attends qu'une apparition, celle de Ann. Ann Bancroft. Pour patienter, j'ai le droit à celle d'Aurelio un brin chafouin, qui change de place pour un plus grand confort auditif. La cause de cette migration en est le gloussement. Il faut bien reconnaître qu'avec le pop-corn, le gloussement est l'autre plaie des salles de cinéma. Pour être plus précis, il s'agissait en l'espèce d'une glousseuse (chercher la rime). Précision inutile diront certains, dans la mesure où jamais personne n'a entendu un glousseur. Ceci dit, un peu fébrile, je me demandais si j'allais retrouver Ann Bancroft, celle qui avait chamboulé ma vision de la femme, celle qui m'avait fait passer l'envie des tripotages en tous genres opérés au gré des promiscuités juvéniles. Ouf. La classe. Le charme. La sensualité, même si certaines insinuaient qu'elle faisait plus vieille que son âge. Telle que je l'avais laissée la dernière fois. Un visage, un regard, une allure, une façon de tenir sa cigarette, de fumer qui me donne l'envie d'être un filtre, de boire qui me donne l'envie d'être une gorgée. Une façon de mettre et d'enlever ses bas qui me donne l'envie d'être une maille, qu'elle soit à l'envers où à l'endroit. A l'endroit où je rêvais d'être. En revanche, essayant de me placer de l'autre côté, je me demande comment il est possible de trouver le moindre charme à Dustin Offman. Le lauréat n'a rien perdu en route. Bien que sortie en 67 (juste pour dire, j'aurais bien attendu deux années de plus) il ne souffre pas du temps qui a passé. Autant nombre de films des années 80-90 sont aujourd'hui ridés autant Le lauréat a gardé son allant visuel et musical (j'aurais bien aimé plus de chanson). Se reflète dans la piscine un monde de blancs confis hors du monde, monde qui leur fera découvrir que les Etats Unis ne sont plus great again.  
Voilà. J'étais venu pour voir Ann. J'ai vu Ann. Je suis heureux. Comme quoi...    

lauréat

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