Un soir au concert

Oui bon, ce n'est pas prudent mais je n'en pouvais plus. Confiné, enfermé, condamné, au mieux en sursis, j'étais au bout. Au bout du rouleau. Je sentais que la jauge de l'optimisme allait toucher le fond. Le voyant clignotait déjà depuis plusieurs jours. J'ai essayé de refaire le plein en faisant du bronzage intégral sur le balcon. Mais c'était comme si le réservoir était percé. Et puis d'être ainsi confronté au relâchement général des tissus, au pendouillage cutané et autre ne concourait en rien à l'amélioration de ma santé mentale. J'avais l'impression d'être un flan pas assez cuit. J'ai pratiqué le vélo dans la cave, monté les marches quatre à quatre ou plutôt deux à deux. Mais rien n'y a fait. La déprime me grignotait le cerveau.

Alors, hier soir, en douce, je suis allé au concert. Où ça? Je ne peux rien dire. Un lieu underground, réservé à ceux qui n'y connaissent rien en musique et qui sont vieux. Il suffit d'aller sur le dark web et vous trouverez toutes les dates de concerts. Je n'ai pas été contrôlé sur le chemin. Il faut savoir que le gouvernement et le lobby (non pas Chantal) des fabricants de cercueils ont décidé dans le plus grand secret de laisser mourir les retraités, ce au grand dam de l'industrie des couches confiance.

Toujours est-il que ce fut un super concert. C'est vrai que la toux de certains spectateurs a nui à la qualité auditive, que tous n'ont pas vu la fin. Mais dans l'ensemble ça s'est bien passé. J'ai pris ma température. C'est bon.

Bah voilà, j'y retourne samedi. Je vous raconterai. Portez-vous bien.