Au bout du fil

L'autre jour, à moins que ce ne fut mercredi, alors que j'errais dans un parking à la recherche d'une automobile qui ne m'appartenait pas, sans encore en distinguer son propriétaire, j'entendis une voix. Manifestement la voix de quelqu'un qui n'était pas content. Pas contant du tout. Mais vraiment pas content du tout. Il ne me fut pas possible de deviner la cause de ce mécontentement mais le ton de la voix ne laissait aucun doute sur sa profondeur. Avec force gestes, l'homme, car c'était un homme, on n'imagine pas tant de violence chez une femme, exprimait une frustration dont son interlocuteur semblait être à l'origine. Alors que l'automobile échappait toujours à ma recherche, l'homme mit fin à la conversation, qui était devenu un virulent monologue, par un retentissant "Va te faire enculer". A l'évidence, notre homme devait considérer que cette injonction ne pouvait en aucun cas être la source d'un quelconque plaisir, ce qui est faire preuve d'une profonde ignorance. Cette méconnaissance, somme toute fort répandue, qui associe cette pratique au déshonneur et à la douleur, a, dans sa formulation, un avantage. Elle permet de mettre un terme à la conversation sans permettre à l'interlocuteur de répliquer et ainsi d'éprouver une certaine satisfaction de le laisser coi. Je finis par introduire la clé dans le démarreur.