Un soirau cinéma

Quand j'étais petit, j'avais peur. Il serait possible d'établir un catalogue de mes peurs mais ce serait fastidieux et le contenu n'aurait rien d'original. En dehors d'avoir peur d'être un garçon, ma plus grande peur de couleur bleu fut Belphégor. Je regardais l'épisode dans la chambre de mes parents et à la fin, je devais rejoindre seul la mienne non sans avoir traversé le salon plongé dans le noir. N'osant bien sûr pas regarder dessous, je me glissais dans mon lit. Respirant au minimum, je ne bougeais plus en attendant le jour.

C'est ainsi qu'hier soir, saluant Annie toute en froufrou dans le hall, vêtu de mon costume et de ma cravate, j'ai monté les marches en duplex avec Cannes. Installé dans la grande salle, en avant première mondiale, j'allais voir The Dead don't die de Jim Jarmush. Avec une pléiade d'acteurs que je vous laisse découvrir, Jim nous raconte une histoire de zombies. C'est du moins ce que l'on pourrait croire mais il n'en est rien. Nous est offert une vision des Etats Unis d'aujourd'hui mais ce avec humour, légèreté, détachement. Ce pourrait presque être un film en passant, un clin d’œil à peine appuyé. Et puis, bien sûr, les zombies ne proviennent pas tous des tombes. Nous irons jusqu'au bout, nous irons jusqu'à bouffer le dernier trognon sur une terre dévastée qui aura perdu son âme et le Nord pour se retrouver à l'Ouest tout cela bien au chaud.

Même si j'ai ressenti un manque de quelque chose, ne serait-ce que pour la prestation de Bill Murray, tout comme celle de Tilda Swinton, ce film vaut le détour. Alors que le sujet pouvait donner lieu à toutes les outrances grandguignolesques, les acteurs de Tom Waits à Iggy Pop sont d'une grande sobriété.

A vous de voir.