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Objectif négatif
27 février 2018

Un soir au cinéma

Donc, en ce souvenir de ce début de soirée placé sous le signe des frimas, je me suis dit qu'il serait judicieux d'entrer au plus vite dans le vif. Le vif du sujet. Je m'apprêtais à le faire quand je pris conscience qu'il n'est pas aussi aisé de changer ses habitudes. Il en est de même pour le temps. Rien de plus rassurant qu'un évènement climatique. Il permet de maintenir le lien, de se réfugier à moindre frais. Il en est ainsi du froid actuel. Vendu à longueur de colonnes, incrusté dans nos rétines, envahissant nos oreilles bouchonnées, ce froid d'hiver qui agrémente les faits homophoniques est la béquille du rapport humain. Vous rencontrez dans l'ascenseur quelqu'un que vous connaissez mais pas plus que ça. En même temps que la cabine, vous sentez l'angoisse monter (même phénomène quand elle descend). Vous n'êtes pas assez intime pour lui parler de vos problèmes de prostate ou d'érection, d'autant que souvent les deux sont liés (non ce n'est pas du vécu) ou de périnée post accouchement (ce n'est pas non plus, dans l'immédiat, du vécu) et vous ne possédez pas cette force de caractère qui vous permet dans la promiscuité d'un mètre carré de monter jusqu'au septième sans adresser la parole à la personne avec laquelle vous tentez d'éviter tout contact cutané tout en redoutant un pet intempestif lié à un relâchement de votre vigilance. Malgré tout soulagé, vous sortez de votre dossier sujet bateau le temps, la météo en espérant ne pas être tombé sur un climato sceptique. Et là, tentant de mettre un peu de modernité dans le ton, vous lui balancez un "il ne fait pas chaud mais je préfère un froid sec comme ça", qu'à peine sorti de votre bouche vous regrettez,au lieu de lui parler du nouveau Paul Thomas Anderson.  

Je suis donc allé voir Phantom thread. Je ne vais pas tourner autour du dé à coudre, j'ai aimé. J'avais en tête les dernières prestations de Daniel Day-Lewis qui , faute d'une légèreté nuancière (ne me demandez pas ce que cela veut dire), avaient tendance, comme une bourrasque vorace, à tout emporter. C'est donc avec une certaine curiosité mêlée de réticence qu'après avoir traversé le hall avec Annie j'entrai dans la salle 3 qui est une de mes préférées. Comme suggéré plus haut, je ne fus pas déçu. De la belle ouvrage. Du cousu main. Oui, c'est le sujet par excellence qui encourage à la métaphore, filée bien sûr. Il faut avouer que c'est tentant. Tentant comme une histoire d'amour, passionnelle jusqu'au morbide, qui réussit à préserver une pudeur charnelle, entre un couturier et celle, Vicky Krieps, qui de pièce rapportée finira par devenir l'unique modèle. Une passion hors du temps et qui s'extrait du monde environnant, dont nous devinons déjà les symptômes qui annoncent sa disparition, que le mot chic résume à lui seul. Eux ne font déjà plus partie de ce monde. Paul Thomas ne tombe jamais dans l'excès, dans la caricature, ce qui est un exploit tant les personnages pourraient s'y prêter. Non, rien de tout cela. De la bien belle ouvrage. 

phantom thread

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