Un matin à la manif

Donc ce matin, d'humeur vindicative et révolutionnaire (un bien grand mot) je décide de me joindre aux agents de la fonction publique  qui sont de mauvaise humeur et sont décidés à le faire savoir. C'est ainsi que je me retrouve sur le pont. Au milieu du pont. Un de ces ponts qui enjambent la Seine, permettant de passer d'une rive à l'autre. De la gauche à la droite. Comme il n'y a rien de plus triste que de défiler seul au milieu des autres, du regard je cherche des visages connus. A défaut du temps, je remonte le défilé, observant des centaines de visages au milieu desquels en une fraction de seconde je reconnais ceux qui me sont familiers. Me voici donc au côté de J... et de M... Et comme souvent dans les manifs, nous devisons de tout sauf du sujet qui justifie notre présence sur le bitume. Cinéma, littérature, musique (oui, je ne fréquente que des mécontents cultivés). J'ai bien essayé de donner une orientation sexuelle à la discussion mais sans succès. J'ai pourtant toujours trouvé que le cul était révolutionnaire. Quoi qu'il en soit, à coup de "Dégueulasse" et du désormais célèbre "Toutèanousrienètaeux" l'animateur de Sud se chargea de dispenser la dialectique et de nous en mettre plein les oreilles tout au long de notre pérégrination. Sur le chemin qui devait nous mener à la préfecture où nous fûmes, hallucinés, accueillis par le préfet qui loua notre combativité, nous rencontrâmes des célébrités dont , le poing levé sur le bord du trottoir, un célèbre musicien chantant à plein poumons Street Fighting Man. Puis il fut l'heure d'aller manger. A mon avis, notre président sait maintenant à quoi s'en tenir.