16 juillet 2019
Un soir au cinéma
Quand j'étais petit, je regardais le Marchand de sable, bien que ne comprenant pas le rapport qui pouvait exister entre le sable et le sommeil. D'autant moins qu'il m'était arrivé de me battre dans le bac à sable au pied de l'immeuble et d'en avoir reçu dans les yeux. Ça ne me donnait aucunement l'envie de dormir. Un peu plus tard, pour rien au monde je n'aurais loupé un épisode de Rintintin. Nous avions une sorte de bâtard court sur pattes qui ne comprenais jamais rien, incapable de se projeter dans la fiction dont j'étais le metteur en scène et l'acteur principal.
Traversant le hall où Annie semblait se morfondre, j'ai donc décidé d'aller voir la rétrospective Jim Jarmush. D'abord Stranger than Paradise et Permanent Vacation. Pour soulever le voile de l'intimité, Jim Jarmush est un des rares qui pourrait faire vaciller mon orientation sexuelle. Me faire perdre le Nord. C'est peut-être ce que l'on appelle un coming out ou un coming in. Toujours est-il que ce sont des films en noir et blanc. Des héros de l'instant qui se foutent de leur passé. Ils traînent dans un pays où, fatiguées, des berlines abandonnées sur des trottoirs de rues désertes sont les derniers vestiges d'une arrogance passée. Les personnages évoluent dans un environnement délabré qui leur est indifférent. L'errance sans enfance. Pourtant, la solitude qu'ils font semblant d'avoir choisie finit par s'estomper. Une vie précaire, une sorte d'entre deux qui se garde de tous les autres temps autres que le présent. Ni nostalgie, ni regret. Chronique de riens non dénuée de douceur, d'humour et d'amour.
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