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Objectif négatif
1 juillet 2019

Un soir au cinéma

Quand j'étais petit, j'étais de ces lueurs qui leurrent. Grignotant des morceaux d'un monde encore étriqué, mon univers n'avait pas connu son Big Bang. Inconscient d'un corps en expansion, ma vie se constituait d'ignorance et de peurs. Savoir aurait certainement annihilé mes envies et autres désirs qui manquaient de mots. La peur de prédateurs en tous genres, évoluant comme des poissons dans l'eau où se noya l'innocence, traversait mes nuits.
Alors que dans le hall Annie semblait victime de la chaleur qui n'avait rien d'humaine, je me résignai à monter les marches qui conduisent à la salle 4. Après m'être installé dans la profondeur d'un fauteuil fourbu, j'attendis les premières images de Golden Gloves. La bande-annonce sanglante avait retenu toute mon attention, comme l'on dit dans une lettre de candidature. Il faut dire que ce film pour ce qui est du trash n'a pas triché. Le personnage principal

golden glove

est un tueur en série. A défaut de pouvoir plaire à de charmantes jeunes filles ou à des femmes séduisantes, il a un physique proche de Casimodo avec en plus un regard adipeux, il ramène chez lui, une mansarde suintant la concupiscence tout autant molle que baveuse, des prostituées, sorte de désespoir de cause, dont le physique, par bourrelets successifs, étale le dégoût de soi. Confronté à son impuissance physique et sociale, il en est réduit, comme son monde, à tuer avec une certaine variété ses victimes. Pourtant, rien ne semble pouvoir le faire jouir. En dépit d'un faible espoir de rédemption, la puanteur de son âme et des corps découpés le feront définitivement plonger dans la fange.

A vous de voir. 

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