Un jour dans le train

Hier, après avoir arpenté l'exposition Rouge au grand Palais, je m'en suis retourné en prenant le train. Depuis peu, je dispose d'une carte avantage sénior (je m'attends à recevoir sous peu la publication du même nom). Et à chaque fois, j'ai le plaisir de voir s'afficher ma date de naissance sur l'écran. Donc, après avoir patienté comme les autres clampins la tête levée vers le panneau départ, emporté par la foule je me retrouve quai 18, qui n'est pas celui que je préfère. Je ne manque pourtant pas de le parcourir pour monter dans le wagon tout là-bas, celui dans lequel il n'y a personne. Ce qui veut dire pas de portable, pas d'odeur, pas de bavardage, pas de morveux braillards. Je m'installe donc seul et avec l'intention d'écrire. A peine ai-je sorti mon carnet à confidences qu'une jeune femme me demande si elle peut prendre place à côté de moi. Bordel de merde, quelle chieuse, ia de la place ailleurs me dis-je avant même de la regarder. Je finis par lever les yeux et découvre un visage au demeurant avenant qui me gratifie d'un sourire d'une légèreté toute zéphyrienne. J'allais vous le demander lui réponds-je, comme dirait Bob. Je déconne. Je lui dis oui et me tasse contre la vitre tout en refermant mon carnet à confidences que je me fais à moi-même. 

Le voyage, 1h30 avec arrêts partout où je ne descends pas, se passe sans incident. Faisant celui qui est fasciné par le paysage qui défile à l'approche du 14 juillet, pas une seule fois je ne tourne mon regard vers ma voisine. De toute façon, depuis metoo je ne regarde plus les femme. Le wagon finit par entrer en gare de Rouen en même temps qu'un message qui nous informe que la SNCF est heureuse et contente et qu'elle espère. Ma voisine se lève, saisit son sac et à mon grand étonnement me remercie pour le voyage et me souhaite une très bonne journée. Saisi par la surprise, c'est la première fois qu'une femme s'adresse à moi spontanément avec gentillesse, je la regarde et finis par lui demander pourquoi tant d'attention. Elle me répond qu'elle a fort apprécié mon attitude toute en retenue et discrétion et qu'elle me sait gré de ne pas avoir essayé lourdement de la draguer. Et là, je ne sais pas ce qui m'a pris, je lui demande son 06. Instantanément son sourire disparaît et elle tourne nerveusement les talons. Je n'ai pas réussi à être léger jusqu'au bout.