Un soir au cinéma

Quand j'étais petit, j'ai lu Madame Bovary. Pour être plus précis, j'ai lu des morceaux choisis. Des morceaux choisis de Madame Bovary. A l'époque, je ne me rendais pas compte. D'autant que ce n'était pas moi qui avais choisi les morceaux. Il devait y avoir quelque part une sorte de boucher littéraire chargé de la découpe. Des morceaux que j'ai lus en diagonale. Je n'ai jamais accroché. Certainement un manque de sensibilité romantique.

C'est comme ça que, pendant qu'Annie minaudait dans le hall, je me suis retrouvé salle 3 pour voir Une femme heureuse. Si l'on devait découper ce film,  il y aurait trois morceaux. Un premier qui serait la vie d'une jeune femme au foyer, vivant en Angleterre, confrontée au tout venant de la vie quotidienne avec un mari et deux enfants. Une jeune femme qui prend conscience qu'elle subit sa vie en passant à côté aux côtés d'un mari qui ne comprend pas le besoin d'émancipation de sa femme. Du classique en somme. Une femme sensible et intelligente et un mari bas du front qui a une libido de tous les instants. Tout au long de ce morceau, on ressent la tension, l'appréhension, l'incompréhension et la violation.

Un deuxième morceau prévisible et convenu qui serait l'échappée belle où la belle s'enfuit à Paris. Elle tente de retrouver une liberté épanouissante. Elle rencontre un bel homme, en la personne de Jalil Lespert en qui elle espère trouver l'amour, la douceur, la sensualité. Mais comme on pouvait s'en douter, le Jalil est un dragueur d'enfer qui a l'habitude d'en faire dans la duperie car le garçon est marié.

Le troisième morceau, court, serait le retour au bercail de notre Emma avec reprise de la vie d'avant tout en doutant qu'il puisse en exister une autre. 

Pour tout dire, l'héroïne m'a agacé. J'ai essayé mais aucune empathie. Les affres d'une petite bourgeoise en quête de l'absolu. Certainement légitime  mais qui ne m'a pas touché. Certainement un manque de sensibilité romantique.