Un soir au cinéma

Donc, après avoir échappé à l'échafaud, à travers les dédales nocturnes, je me suis dirigé vers le hall où je devais retrouver Annie. S'affichaient dans les files d'attentes les choix. Solitaires ou en couple, ils allaient se retrouver à l'ombre. A l'ombre de la clarté qui illumine l'écran.

Pour ce qui me concerne, sorte de liberté contrainte, je me suis laissé guider jusqu'à la salle 2 par les critiques diverses et variées que j'avais lues et entendues à propos de Jusqu'à la garde. Bonnes critiques, très bonnes critiques, voire dithyrambiques. Une histoire de divorce qui vire au thriller. De quoi éveiller la curiosité. Bon d'accord, Jorge m'avait fait part de sa réserve qui reposait sur une de ces subtiles intuitions qui vous rapprochent de l'indicible (aucun sens mais j'aime bien). Mais ouvert à toutes les expériences j'y suis allé. Bon, je ne vais pas tourner autour du code civil, ce fut moyen. Les acteurs sont bons. Même si Ménochet a un peu trop le physique de l'emploi, il fait un excellent psychopathe. Tout en lui transpire la menace imprévisible. Son regard, son immobilité, sa voix. Léa Drucker, sobre, est excellente dans le rôle d'une femme terrorisée mais qui parvient à faire face et qui pas une seule seconde ne cède à l'hystérie. Thomas Gioria, tout de simplicité, avec une économie de mots, parvient à exprimer la force de la fragilité d'un enfant. Xavier Legrand réussit de bout en bout à maintenir la tension et ce sans le support de la musique qui est absente du film.

Pour autant, pas de quoi s'emballer. Plusieurs scènes et personnages sont inutiles. On ne sait pas ce qui a conduit ce couple au divorce. Tout ça pour dire qu'en sortant, je me suis dit que ça ferait un bon film du dimanche soir sur le service public. Sous une forme ou sous une autre, il nous a été donné de voir ce genre de film de nombreuses fois. Voilà. Si vous avez mieux à faire, faites-le.