23 janvier 2018
Un après-midi à l'exposition
L'autre samedi, encore un peu de sable entre les orteils, j'entre dans la galerie l'Espace de la Calende rue du bac à Rouen. C'était jour de vernissage. Pour moi, un vernissage c'est comme une paire de chaussures neuves ou un nouveau costume. La première fois que je les mets, que je les enfile, je ne suis pas à l'aise, je ressens comme une gêne, j'ai les entournures qui frottent, les abatis à l'étroit. Mais alors pourquoi persévérer, allez-vous demander? Pour un artiste, il est important qu'il y ait du monde ce jour-là, alors j'y vais. Mais qu'on ne s'y trompe pas, c'est un plaisir pimenté de curiosité.
Ce fut une découverte. Je n'avais jamais eu l'occasion d'apprécier l'œuvre de Charles Ducroux, qui a plus d'une couleur sur sa palette, plus d'une corde à sa guitare et plus d'un regard dans ses yeux. Je ne vais pas tourner autour du cadre, bien qu'ayant fait un tour rapide en ce samedi, j'ai aimé. Quelques jours plus tard, j'y suis retourné. Je les ai regardées de loin, de près, de biais, en m'approchant, en m'éloignant, en contre-plongée. Je me suis dit que Charles Ducroux peignait le temps, l'instant d'avant comme si les personnages s'apprêtaient à ne rien faire, l'instant d'après, l'hésitation, l'attente, l'air du temps qui caresse les visages, les détournements de lumière. Mais comme Charles, s'il n'est pas déjà trop tard, restons sobres.
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